Les ressources alternatives de traitement
Présentation
par Yves Lecomte et Jean Gagné
Depuis quelques années, les ressources alternatives de traitement questionnent la spécificité de leur réponse à la souffrance des personnes qu’elles desservent. Initialement cette quête identitaire passait presque exclusivement par la comparaison avec les ressources du réseau public (cf. l’éditorial «Structures intermédiaires ou ressources alternatives», Santé mentale au Québec, juin 1983). Mais, progressivement, par la pratique et la théorisation des intervenants au contact des personnes en détresse, ces ressources ont développé une définition d’elles-mêmes plus positive et dont les référents se décentraient de la seule critique des pratiques hospitalières1 . Les ressources alternatives ont ainsi pu s’affranchir de la méthode de définition par opposition qui, se sont-elles aussi rendu compte, implique une dépendance aux caractéristiques du réseau public Il leur est apparu plus fructueux de se définir en fonction de leur propre dynamique et de leur propre réalité.
Comment aujourd’hui tracer ces nouveaux paramètres, comment les inscrire dans un discours renouvelé qui tienne aussi compte de ce qui a été maintenu des intentions de départ? Ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité que le réseau public, ayant repris à son compte le mot d’ordre de « communautarisation », a développé un savoir-faire et de nouvelles approches pour que les personnes vivent dans la communauté (cf. l’éditorial « Les enjeux des cliniques externes de psychiatrie », Santé mentale au Québec, juin 1999). Plus encore, le « traitement dans la communauté », dont « certains organismes communautaires offrent les services », est désormais inscrit en tant que service requis dans la planification du ministère de la Santé et des Services sociaux (Plan d’action pour la transformation des services de santé mentale, MSSS, 1998). Une telle reconnaissance des organismes communautaires de traitement commande inéluctablement sa contrepartie d’ouverture au regard public sur les pratiques et approches des ressources concernées. Ce contexte a aussi pour conséquence de renforcer la nécessité pour les ressources communautaires et alternatives d’établir avec rigueur les aspects distinctifs de leur contribution. Tel est l’objectif initial de cette publication.
En associant cette démarche à la revue Santé mentale au Québec, dans le cadre des événements qui soulignent son XXVe anniversaire, les signataires des différents articles profitent d’une tribune idéale pour se faire (re) connaître et respecter par le milieu de la santé mentale. Ce faisant ils ont, en même temps, accepté le défi de s’ouvrir aux commentaires et aux critiques d’un lectorat averti et non complaisant. L’invitation est lancée, place à la réflexion.
1- La Maison St-Jacques, Texte de réflexion, 14 ans d’intervention thérapeutique différente (La Maison St-Jacques, 1986,Montréal), et Traiter la psychose (Apollon, Bergeron et Cantin, GIFRIC, 1990, Québec) sur la pratique d’intervention au 388.
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Table des matières
Présentation :: 9
Yves Lecomte et Jean Gagné
Le paysage de l’alternatif dans le champ des thérapies :: 11
Ellen Corin
Vingt ans plus tard, l’an 2000 : entre bilan et nouvelles avenues, où se situe le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec ? :: 31
Isabelle Lasvergnas et Jean Gagné
La thérapie alternative : se (re)mettre en mouvement :: 49
Lourdes Rodriguez, Ellen Corin et Lorraine Guay
La communauté thérapeutique La Chrysalide : de l’évolution d’un discours et d’une pratique :: 95
Yves Lecomte
Le travail de l’intervenant au Centre psychanalytique de traitement pour jeunes adultes psychotiques, le 388. Un espace pour le psychotique dans le lien social :: 111
Benoît Bélanger et Mario Boies
La psychothérapie de groupe à la Maison St-Jacques :: 123
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Le Centre l’Élan :: 139
Monique Goulet
La Maison sous les Arbres, organisme communautaire et ressource alternative de traitement en santé mentale :: 151
Guy Taillon
Le Réseau d’aide Le Tremplin ou l’implication de la population en santé mentale :: 163
Guy Châteauneuf
Maison d’Intervention Vivre :: 181
Chantal Dussault
L’Entre-Deux : une maison de thérapie et d’hébergement pour femmes en dépression :: 195
Pauline Lacroix