Rencontre avec des pionnières – Mot de bienvenue

Par Louise Bertrand

Je vous souhaite la bienvenue à ce premier colloque du Diplôme d’études supérieures et spécialisées en santé mentale de la Téléuniversité. Lorsque notre université a créé le DESS en santé mentale en janvier 2002, elle désirait établir avec le milieu de la santé mentale un partenariat susceptible de mettre en commun les différentes ressources des uns et des autres, en vue d’améliorer les connaissances et les pratiques en santé mentale. Ce colloque est un exemple de ce partenariat car, s’il est sous la responsabilité de la Télé-université, il est le fruit des efforts concertés de deux revues en santé mentale, Santé mentale au Québec et Filigrane, et du certificat en santé mentale de la Faculté d’éducation permanente de l’Université de Montréal.

Lorsqu’il fut question de créer des activités pédagogiques complémentaires aux 14 cours du DESS en santé mentale, plusieurs projets ont été évoqués mais il est apparu qu’il y en avait un qui était pour ainsi dire incontournable : faire un colloque. Quel thème alors choisir ? Question délicate surtout pour un premier colloque. Le choix s’est porté vers un projet qui apparaissait porteur de renouveau dans la continuité : Rencontre avec des pionnières en santé mentale. En effet, en 1979, la revue Santé mentale au Québec publiait un dossier intitulé La femme québécoise, suivi d’un deuxième dossier édité en 1990 : Les québécoises : dix ans plus tard. Nous situons ce colloque dans cette continuité. En effet, nous rencontrerons, au cours des deux prochains jours deux conférencières qui ont collaboré au dossier de 1979, et deux autres au dossier de 1990 !

Mais cette fois, le colloque ne pose pas un regard interrogateur et critique sur la femme québécoise qui consulterait ou éprouverait des problèmes. Le colloque sollicite des femmes qui ont, depuis une trentaine d’années, façonné le milieu de la santé mentale et contribué à son développement théorique et pratique. Et les sphères dans lesquelles ces pionnières ont innové sont nombreuses et variées : psychanalyse, toxicomanie, intervention de crise, formation, recherches sur l’évaluation de programmes, recherches sur l’influence culturelle, etc. Le colloque vise à illustrer à quel point le milieu de la santé mentale peut être traversé par la créativité, l’imagination et l’audace nécessaires pour permettre à de nouvelles idées d’émerger, et pour implanter de nouveaux projets d’intervention. Le colloque vise aussi à rappeler, par l’exemple de ces pionnières, l’apport essentiel et unique des travailleuses en santé mentale, qui sont encore en majorité dans ce milieu.

En plus de vous faire connaître cet apport diversifié, le colloque vise particulièrement à mieux comprendre les trajectoires dans lesquelles s’inscrit la pensée des pionnières que nous avons invitées. Il nous a semblé intéressant que les plus jeunes d’entre nous, et même ceux et celles qui ont plus d’expérience, puissent mieux comprendre comment se développent une théorisation et/ou une expérience clinique, d’où elles originent, comment elles se modifient, en quoi elles demeurent stables, dans l’objectif avoué de nous rendre toutes et tous plus sensibles à notre propre trajectoire. Je suis sûre, et toutes les conférencières seront sans doute d’accord avec moi, qu’en étant plus sensibles à notre propre trajectoire, nous sommes plus en mesure de dégager les particularités et l’originalité de notre propre pensée et de notre propre action, stimulant ainsi son renouvellement, et ce, sans compromis, en évitant la facilité ou la complaisance.

Comme nous l’ont indiqué plusieurs de ces pionnières, poser un regard rétrospectif sur les principaux axes de son parcours et les retravailler pour en faire ressortir une nouvelle problématique est un exercice périlleux que l’une d’entre elles a surnommé le « divan théorique ». C’est un exercice difficile auquel nous avons convié ces pionnières mais, fidèles à elles mêmes, elles ont accepté ce défi avec audace. Je les en remercie. Je suis assurée que nous tirerons tous et toutes un grand bénéfice de leur présence.

Fidèle à elle-même également, la Télé-université utilisera les moyens qui lui sont familiers pour que, durant les deux jours que durera le colloque, les conférences et les échanges soient en diffusion simultanée sur le site Web de notre institution. À l’hiver 2004, nous comptons diffuser toutes les conférences sur un autre site Web que nous sommes à créer à cette fin. Ce site Web comprendra aussi des entrevues avec d’autres pionniers et pionnières en santé mentale, d’ici et d’ailleurs, ainsi que des conférences enregistrées dans des institutions hospitalières au cours des années. De plus, et grâce à la collaboration de la revue Santé mentale au Québec, les conférences seront publiées dans un volume intitulé du nom de ce colloque.

Je vous souhaite donc un bon colloque. J’espère qu’il vous apportera de quoi stimuler et enrichir votre parcours théorique et pratique. À nouveau, bienvenue à la Télé-université.